VIVRE LA NATURE AVEC SKAMPYPICTURES
un blog pour s’immerger dans la nature
Rester à la maison bien au chaud, ça va un moment… mais pas trop longtemps. Comme disait ma fille pendant son exposé d’anglais présentant sa famille: «my dad doesn’t like to do nothing». Et c’est vrai!
Dès que j’ai un instant pour moi, je prends mon sac photo et je pars m’évader dans la nature. Quel bien ça fait! C’est mon truc :-)
Étymologie grecque du mot «Photographie»: Le préfixe «Photo», «lumière» et le suffixe «-graphie», peindre. Donc PEINDRE avec la LUMIÈRE.
Levé de soleil, coucher de soleil, eau en mouvement, animaux…, tout est sujet à de belles images. Couleur, Noir & Blanc, la photographie est un art intemporel. Comme Obélix et la potion magique, je suis aussi tombé dedans très jeune.
Êtes-vous prêt à quitter la maison aux aurores? Prêt à affronter les conditions météorologiques? Prêt à attendre des heures, camouflé sous un filet? Prêt à pister les traces d’animaux?
Votre avantage par rapport à moi? Votre voyage est virtuel, vous pouvez le faire bien au chaud sur votre canapé, quand bon vous semble. C’est-y pas cool?
Si ce blog vous interpelle, n’hésitez pas à en parler à vos amis(es). Merci d’avance
HISTOIRE 3 - «un soir dans les bois»
Samedi soir, 17 juin 2023 - Photos et Vidéo
« En fait, le plus difficile n’est pas d’avoir à rester couché trois heures dans la forêt, mais à lutter contre les 1 352 moustiques qui vous tournent autour et vous attaquent alors qu’il faudrait rester le plus immobile possible !»
Cette troisième histoire ne se déroulera pas aux aurores pour une fois, avec des températures négatives, mais un soir de juin. Cette période est propice pour observer certains animaux nocturnes, car il fait jour très longtemps.
C’est assez rare de pouvoir observer certains animaux, comme les blaireaux, en pleine journée. En effet, celui-ci est principalement nocturne. Il peut y avoir des exceptions quand il y a des petits, aussi appelés blaireautins. En effet, ceux-ci sont impatients de sortir pour aller s’amuser et pour manger. Ils ne sont finalement pas très différents de nos bébés à nous! C’est ce qui m’amène à écrire cette troisième histoire…
Le blaireau, de son nom latin «Meles meles», appartient à la famille des mustélidés dont il est le plus gros représentant en Europe. La femelle s’appelle la blairelle et son petit est nommé le blaireautin. Le mâle est aussi appelé tesson, et son terrier est une tessonière. Le blaireau est un animal fascinant sous bien des aspects. Il est très discret, mord puissamment et creuse à merveille. Mais avant de pouvoir observer des blaireaux, il faudra d’abord trouver un terrier occupé.
LE REPERAGE
Je commence toujours mes repérages en hiver. C’est la meilleure période pour découvrir des traces et des indices, surtout s’il y a de la neige. Impossible aux animaux de passer inaperçus, chaque déplacement sera gravé dans la neige ou fixé dans la glace. «Coucou, j’t’ai vu!». Mais attention, c’est aussi une période difficile pour les animaux et il est très important de ne pas les déranger.
Si je rencontre des promeneurs, surtout ceux avec des chiens, je discute toujours un moment avec eux. Ils connaissent toujours très bien la région. Ma fille me dirait: «Encore en train de taper la discute!». Des fois, ça donne des situations rigolotes telles que: «Vous êtes en mission ?», m’a dit une fois un vieux monsieur. Cela m’a bien fait rire dans mes habits «de forêt». Ou alors, «Vous êtes garde-faune»?
«Ça y est, j’ai trouvé un magnifique terrier et il a l’air d’être bien occupé».
En effet, le blaireau, contrairement au renard, est très propre et entretient continuellement ses galeries. Il y a des dépôts de terre et de la litière fraichement sortie. De plus, on reconnait très bien ses empreintes. Ce n’est pas pour rien qu’on l’appelle «Le petit ours des forêts»!
C’est un terrier principal, car il possède plus de dix entrées. Je suis déjà tout excité à l’idée de rencontrer ces magnifiques animaux!
Je recherche et observe les différentes coulées (passages utilisés par les animaux). Il y a une coulée direction sud-ouest, une autre nord-ouest et une autre direction est qui s’enfonce dans la forêt. Je me posterai côté ouest afin de bénéficier des derniers rayons de soleil qui entreront horizontalement dans la forêt et me donneront une belle lumière.
Je fais mes repérages toujours au milieu de la journée afin de minimiser la rencontre avec un animal et de ne pas le déranger.
Je regarde aussi comment est orienté le terrier. Ce sera très important pour se mettre à bon vent le soir de l’affût.
La pose d’un piège photographique permet aussi d’analyser le comportement des habitants du terrier afin de mieux préparer sa sortie (type et nombre d’individus, heures et fréquences des sorties, etc.).
Il se peut que le terrier soit aussi occupé par des renards. La cohabitation est fréquente.
L'AFFÛT
L’affût est un moment privilégié durant lequel nous nous immergeons dans le monde fascinant des animaux afin de les laisser venir à nous. Parfois, nous avons la chance d’observer ceux pour lesquels nous sommes venus, souvent non. Mais il se passe toujours quelque chose…
Ce soir, notre but sera d’observer le blaireau. Ayant étudié ses mœurs et coutumes, je sais qu’il ne voit presque rien, mais qu’il a un odorat extrêmement développé. Il est aussi toujours extrêmement craintif et prudent au moment de sa sortie du terrier. S’il ne vous sent pas, il pourra venir vraiment tout prêt de vous… et même venir sentir votre objectif photo!
Il est ainsi important d’arriver avec le moins d’odeur possible. Le jour d’affût, j’évite de me doucher avec un savon parfumé. Pas de déodorant et pas non plus d’anti-moustique.
Je me parque environ trois heures avant la tombée de la nuit à l’orée de la forêt. À part les oiseaux qui sifflent et chantent, pas un bruit. Tout est calme. J’adore ces moments-là, ce sont des moments privilégiés. Je m’habille avec mes habits de camouflage (pantalon, veste, cagoule et gants). Il va faire chaud, mais il faut se protéger de tous les insectes qui participeront aussi à mon affût. Je prends mon objectif photo le plus lumineux possible étant donné qu’il fera de plus en plus sombre. Pas besoin du super zoom, car je serai assez proche. Deux batteries de rechange dans les poches, un trépied, un filet de camouflage, et c’est parti!
Je prends le chemin qui mène au terrier. J’ai déjà trop chaud. En effet, il doit bien faire 28 degrés en cette fin d’après-midi. Je me dis un instant que je serai bien mieux en short au bord du lac à siroter un mojito! Je me mets alors en mode affût : j’enclenche tous mes sens, j’essaie d’entendre le moindre craquement et de détecter le moindre mouvement. Je sors du temps… Cette fois, je suis prêt…
Je continue d’avancer de plus en plus doucement. Arrivé au poste d’affût que j’avais repéré préalablement, je dégage les branches posées au sol et m’installe bien confortablement.
Le confort est relatif. Racines, branches, fourmis, araignées et autres joyeusetés font partie du poste d’affût. «Comme ça, je ne me sentirai pas seul», me dis-je.
Maintenant l’attente. Une attente indéterminée pendant laquelle on ne verra peut-être rien. À part les oiseaux qui piaillent sur les arbres, pas de signe de vie. «Avec un peu de chance, je pourrai entendre la chouette hulotte», me dis-je intérieurement.
Je suis tellement calme que je commence à avoir les yeux qui clignotent. J’essaie de lutter, mais rien n’y fait, je m’endors! Cela m’arrive régulièrement. Une fois, je me rappelle avoir somnoler plus de trois heures, assis contre un arbre. Les animaux ont bien dû se marrer en passant à côté de moi sans que je les voie! Après quelques turbo-siestes, je reprends mes esprits.
Toujours pas d’animaux, hormis ces satanés moustiques qui me tournent autour et attaquent sur tous les fronts. Ils passent sous mon filet de camouflage, entrent dans ma cagoule et commencent même à me piquer à travers mes pantalons et ma veste. C’est dingue! «En fait, le plus difficile n’est pas d’avoir à rester couché trois heures dans la forêt, mais à lutter contre les 1 352 moustiques qui vous tournent autour et vous piquent alors qu’il faudrait rester le plus immobile possible!».
Une magnifique lumière rasante illumine le pied des arbres en cette belle fin de journée. J’imagine bien un blaireau arriver, «la photo serait parfaite».
Soudain, un brocard, chevreuil mâle, arrive du fond de la forêt et s’arrête brusquement à environ cinq mètres de moi. Je suis toujours couché au sol. Je ne bouge surtout pas, car il détecterait le moindre mouvement et je ne veux pas le déranger.
Je ne peux pas le photographier, car il m’est impossible de me tourner avec mon appareil photo posé sur le trépied. J’observe simplement et j’admire.
Un chevreuil c’est petit, mais quand on a les yeux au niveau du sol, ça parait haut sur pattes. Il ne m’a pas vu, mais sent probablement une présence. Il cherche de tous côtés sans pour autant me trouver. Puis il part tranquillement et disparait. «Bye bye chevreuil, passe une bonne soirée».
Tout à coup, je vois une petite tête avancer vers moi. «Youhou, un blaireau!». Je retiens ma respiration et savoure ces moments magiques. Le temps s’arrête. J’en profite pour filmer et photographier afin de pouvoir en faire profiter mes amis(es). Le blaireau ne me voit pas et ne me remarque pas, et pourtant seulement sept mètres nous séparent.
Il est magnifique. Quand je vois cet animal, je ne comprends pas pourquoi il est encore, à beaucoup d’endroits, considéré comme nuisible et exterminé de manière atroce par les chasseurs! Je continue de le filmer et au bout d’un moment, il repart d’où il est venu. «Ce soir, je ne le reverrai plus».
Je suis incapable d’estimer combien de temps a duré cette rencontre, mais c’était juste magique! Ces images resteront à jamais gravées dans ma mémoire. Je sais déjà que, ce soir au coucher, je repasserai le film dans ma tête.
Grâce à mes images, je vais pouvoir partager cette rencontre, en commençant par vous qui êtes en train de me lire.
Je me replie le plus doucement et calmement possible. Arrivé à la voiture, je vois encore deux chevreuils dans le champ d’en face et un renardeau au milieu du chemin par lequel je suis arrivé. J’ai aussi eu l’occasion d’observer le vol d’une chouette hulotte. «Quelle soirée», pensais-je. Il se passe effectivement toujours quelque chose.
EN VIDEO (69 secondes) - "un soir dans les bois" avec extras
Je me change et reprends la route. Arrivé à la maison, tout le monde dort déjà, sauf mon chat qui est toujours présent pour me faire la fête. Je lui narre ma soirée en mangeant quelque chose, mais je ne suis pas certain qu’il comprenne tout ce que je raconte. Il ronronne comme un moteur à réaction, «c’est sûrement bon signe».
Ce soir-là, je sombrais dans les bras de Morphée avec de magnifiques images en tête.
À bientôt pour de nouvelles aventures au coeur de la nature...